Diptyque Théâtre

Avec Astrid Bayiha, Mise en scène Ayouba Ali
Caroline Rabaliatti dans JAZ de Koffi Kwahulé

En partenariat avec Diptyque Théâtre et le Jeune Théâtre Nationnal de Paris, adlib444 participe actuellement au montage de la pièce JAZ de de Koffi Kwahulé, dans une mise en scène d'Ayouba Ali, avec Astrid Bayiha et Caroline Rabaliatti 

 



JAZ

Une pièce de Koffi Kwahulé, mise en scène par Ayouba Ali.
Avec Astrid Bayiha et Caroline Rabaliatti

À l’image de la musique qu’elle personnifie, Jaz tente de s’extraire avec violence et de manière imprévisible, du vide, du chaos laissés par la perte. La parole y est libératrice, comme un souffle, nécessaire. Mais outre le questionnement sur la renaissance au choeur du chaos, cette pièce, comme un certain nombre de pièces de Koffi Kwahulé, questionne pour moi la place du dire au milieu de l’espace vide et de l’enfermement, au milieu du danger, au milieu du théâtre.
Dire les maux, les dénoncer, en les exposant sans demi-mesure.
Comme une catharsis.
Il me tarde depuis plusieurs années d’expérimenter Jaz sur un plateau.

Astrid Bayiha


D’abord
une note
puis une autre
note puis encore
une autre note
la même
comme on frappe à la porte une myriade de notes la même
se frottant les unes contre les autres comme pour se tenir
chaud une note de toutes les couleurs même de celle qui
fut abolie de
l’arc-en-ciel un
flot de notes la
même de tous les
son notes espiègles
turbulentes la même
se précipitant pour
arracher le secret du
silence explosant
souvent à peine
leur envol éclos
pour enfanter
d’autres notes la
même encore plus
imprévisibles
incandescentes
volcaniques et enfin
rythmer le Nom dont
on ne saura jamais la nommer.

.

Prochaines dates

Première sortie de chantier présentée au JTN de Paris:

- Le 25 Juin 2014 à 18h. 

- Le 26 Juin 2014 à 15h.

Tournée aux USA à la rentrée 2015:

-Festival seuls en scène- Princeton French Theatre Festival (Septembre 2015)

À l'Espace Comme Vous Emoi à Montreuil:

- Février 2016.

Dans le cadre de la Carte Blanche Délires de Désirs.

Au Théâtre Gérard Philippe:

- Juillet 2016.

Dans le cadre de leur programmation La Belle Scène Saint-Denis en Avignon. 

LA PARENTHÈSE / DE KOFFI KWAHULÉ / CONCEPTION ASTRID BAYIHA / MES AYOUBA ALI

Publié le 26 juin 2016 - N° 245

 

Dans le cadre de La belle Scène Saint-Denis installée à La Parenthèse, Ayouba Ali et Astrid Bayiha présentent un texte ardent du dramaturge franco-ivoirien Koffi Kwahulé : du viol et de la résilience.

 

« Jaz est un monologue en forme de long poème : c’est la parole d’une femme dont on ne sait pas trop qui elle est. On sent d’emblée qu’il lui est arrivé quelque chose de grave et on comprend que c’est un viol. Avec Astrid Bayiha, nous y avons lu une parole de résilience. Koffi Kwahulé est un auteur franco-ivoirien vivant, dont l’œuvre est très influencée par la musique, et notamment le jazz. Quand on lit ce texte, on a l’impression d’une scansion très particulière : l’écriture, versifiée, est un peu sur le fil, pas forcément syntaxiquement conforme à l’oral. Quand on l’entend, on a la sensation d’une mémoire et d’une pensée saccadées, qui cherchent à se reconstruire. On a l’impression que cette femme parle à deux moments distincts : juste après l’agression, et longtemps après. C’est pourquoi j’ai fait appel à deux comédiennes pour interpréter ces deux instants différents de la vie du personnage : Astrid Bayiha, qui est à l’origine du projet, et Caroline Rabaliatti.

Equilibre entre pudeur et dénonciation

Les comédiennes mêlent la parole et le chant a cappella : cela fait naître ce chant de l’âme, pas forcément en accord avec la parole dite, comme quand on essaie de dire trop de choses ou qu’elles remontent malgré soi. Prendre ce texte en charge n’est pas chose aisée : il y a un équilibre à trouver entre la pudeur et la volonté de ne rien éluder. J’ai voulu aller au cœur des choses, être au plus près de ce que le texte raconte, mais en choisissant l’allégorie plutôt que la manière frontale. On ne sait pas à qui cette femme s’adresse : j’ai donc essayé une adresse directe au public qui conserve une forme d’ambiguïté, pour mettre les spectateurs en position de témoins. Je n’ai pas envie de choquer les gens, mais je n’ai pas envie non plus qu’ils détournent le regard : cette violence faite aux femmes existe, elle est là, il faut la voir. »

 

Propos recueillis par Catherine Robert

 

Totem et Tabou

Par 
Dans un no man’s land où plus rien ne tient debout, « Jaz émerge comme un lotus » pour faire don de sa beauté, jusqu’à faire don de son nom, un soir où ce potlatch urbain tourne au drame. Figure erratique et amnésique, Jaz est sans doute le personnage le plus insaisissable du théâtre de Koffi Kwahulé. Son monologue jamais ponctué, piégé par l’épanorthose, est incessamment remis en scène par des quêteurs de sens déterminés à retrouver la lettre dont Jaz a été privée. Un Z désorienté.
À la Parenthèse, la compagnie Diptyque Théâtre choisit une mise en scène minimaliste pour un texte minimal. Parce que le sens était là, sous nos yeux, derrière l’écran de la pudeur. Ce bon vieux tabou sur le viol. Alors on déshabille le plateau, on éventre les mots et on creuse, parce que ce qui tue c’est l’enfoui. Ici, les quêteurs de sens ont fait la place aux quêteurs de vie. Et la mystique kwahuléenne, ses énigmes talmudiques et ses légendes sacrificielles tombent les masques – déroutant au passage l’écolier idolâtre. Car il faut sauver Jaz de la voracité des hommes. Il faut écouter Jaz et faire silence, taire la rumeur qui soulage les inquiets, éteindre les écrans où s’abreuvent les indifférents.

À la Parenthèse, on réincarne un personnage désincarné par des exégètes avides du label de « modernité », pressés de faire rentrer sur les plateaux contemporains ce qui n’était pas « rentrable », comme dit Niangouna, pressés de s’affranchir d’un autre label, devenu honteux, le label « théâtre africain ».

À la Parenthèse, on a déshabillé les concepts, défroqué les terminologies, pour ne conserver qu’un souffle de vie à deux temps : un personnage, une situation dramatique. Et ce personnage, on l’écoute, car il n’est pas un alibi esthétique.

JAZ, de Koffi Kwahulé, mise en scène Ayouba Ali, à La Parenthèse

Juil 19, 2016 | Commentaires fermés sur JAZ, de Koffi Kwahulé, mise en scène Ayouba Ali, à La Parenthèse

ƒƒ article de Jean Hostache

En présentant Jaz, la collaboration entre Ayouba Ali et Astrid Bayiha nous fait découvrir la puissance d’un texte africain à la fois cru et sublime. Tous deux signent ensemble un geste scénique qui porte en lui l’urgence d’un théâtre engagé, politique et militant.

Ce monologue se joue en duo : Caroline Rabaliatti vient l’accompagner de chants, selon une sélection musicale choisie avec pertinence, et Astrid Bayiha vient prendre en charge le jeu et la rigueur de ce récit avec beaucoup d’adresse. Elles se parlent, se touchent et se regardent à ce moment où le théâtre devient une lutte. Leur relation et leur écoute sont très fortes, touchantes, et nourries de tensions qui rythment la représentation. Jaz parle des femmes, des violences qui leurs sont faites comme l’évidence du péché originel. Comment faire pour vivre avec cette violence, ou plutôt naître avec ça ? La conclusion dans l’histoire n’est plus de vivre mais de se laisser mourir. Malgré la noirceur de ce texte, le spectacle sous les yeux hagards des spectateurs reste lumineux et profondément optimiste. Il s’agit là de témoigner. Et c’est si bien fait que cette lucidité en devient dérangeante, pour la bonne raison que nous prenons collectivement conscience de ces enjeux durs à admettre.

Au-delà de l’engagement sans demi-mesure que cette équipe porte au plateau, nous parlerons de la performance des deux comédiennes à relever le défi d’incarner un texte aux contraintes de taille. Il s’agit là d’une écriture éminemment poétique et sensible, parfois obscure, qui pourtant devient limpide et bouleversante, grâce à la volonté et le désir comme matière première du jeu dont témoigne Astrid Bayiha dans la manière de nous le livrer. Rares sont les comédiennes qui tiennent la pensée d’un récit si complexe avec une constance et une clairvoyance si impeccable, voir indécente. Astrid Bayiha nous sort du récit pour en revenir, joue avec les ruptures, laissant flotter dans l’interprétation de cette histoire une folie tapie dans l’ombre. Elle se sert de ce texte construit par l’anarchie, pour en déduire une certaine forme de schizophrénie latente et relative au traumatisme de son personnage. Un jeu en somme très fin et bien construit, qui laisse le spectateur sans voix.

Jaz est un spectacle sous haute tension, qui ne laisse pas indifférent tant il transpire l’actualité, et qui participe à faire circuler dans notre monde une pensée solidaire, un combat à mener.

Jaz
Texte Koffi Kwahulé
Mise en scène Ayouba Ali
Conception Astrid Bayiha
Avec Astrid Bayiha et Caroline Rabaliatti
Du 16 au 22 juillet 2016 à 19h

La parenthèse
18, rue des études – 84000 Avignon
Réservation 0490874681
www.labellescenesaintdenis.com

Avec le soutien de:

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5, rue de la révolution - 93100 Montreuil

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