Genèse

"Je cherche la douceur de l’anodin pour envelopper la rigueur rugueuse, amère parfois, de l’obligation intempestive, barrage de logique fabriquée, contre les flots de création primordiale, déviant de son cours naturel, l’enfance de l’Art, pointant sa plume vers l’horizon."

Un voyage qui commence dans l’enfance. Mon premier poème, De la Terre à la Lune. Un désir d’évasion. De dépassement. D’atteindre la lune.

Et la découverte du « Blues ». Mes improvisations festives et encouragées. Au milieu des amis voyageurs. De passage. Rue Clark à Montréal. Le quartier Grec. Chez celui que j’avais surnommé « Cookie Monster ». Le roi du « Blue Moon Blues ». Mes premières notes à la guitare. Mes premières chansons. Une grosse voix pour la petite fille que j’étais. Une voix qui conviait au spectacle. Le rythme dans la peau. Et très vite, le rock.

Il y avait aussi la danse. Mes racines. Mon histoire. Mes gènes. Le mouvement. Le rythme. Chopin. Stravinsky. Prokofiev. Et tout ce qui s’imprime dans le corps.

Une mère qui rêve d’être chanteuse et me voilà. A côté du chien qui pue. Assise par terre. L’oreille collée au piano. A suivre les leçons de la grosse cantatrice anglaise. Le professeur de chant de ma mère. Et tous les opéras que j’écoutais en cachette.

La fièvre des planches m’a prise. La piqûre, comme on dit. Les répétitions. Les coulisses. Le Théâtre de la Grande Réplique. Les plateaux et les caméras. Mes premiers pas de comédienne.

Un long périple. A travers le temps et l’espace. Depuis le jour où j’avais cru découvrir « la porte du ciel ». Dans une forêt oubliée. Des mots qui faisaient sourire. Qui amusaient des parents tristes. Des mots que je n’ai plus cessé de griffonner. Sur n’importe quoi.  N’importe où. Paris. Montréal. Los Angeles. Athènes. Le monde. Dans l’attente tranquille que tous les maux prennent en sens. Celui de la porte 444.

Caroline Rabaliatti